J'ai fait un tour de moto, je vous raconte

A la demande générale de Stan, un CR de mes dernières vacances

L'idée me trottait dans la tête depuis un petit moment, après plusieurs loupés, c'est décidé, c'est cette année!
Idéalement il me faudrait trois semaines. Eh bien reste à caser ça entre les balades des uns et des autres, le SBK et le reste.
Après quelques rebondissements les dates sont arrêtées, les congés posés, ce sera donc du 23 mai au 9 juin. Les plus fins mathématiciens auront déjà calculé que ça ne fait pas vraiment trois semaines, mais pas moyen de faire mieux, à moi d'adapter le road book maintenant.

Pourquoi le 23 mai? parce que avant c'est la Forêt Noire. Après avoir longuement hésité à partir direct de là bas, j'opte finalement pour un passage par la maison. Pourquoi? hum... économiser 1000 bornes aux pneus et trois jours de vêtements à mon sac. Oh et puis si je dois commencer à me justifier de tout on a pas fini

Donc 22 mai, retour de la Forêt Noire et aucune envie d'enquiller des bornes pour aller au bout du monde. Je me vois bien passer les trois prochaines semaines les fesses dans mon canapé à ne rien faire.
Le hic c'est que j'ai parlé à beaucoup de monde de mes projets, du coup va falloir que je me trouve une excuse en béton pour ne pas y aller.

23 mai
Je n'ai pas trouvé LA super excuse, reste plus qu'à y aller, je trouverai p'tet en route
Le road book du jour
Orléans - Fontainebleau - Provins - Chalons en Champagne - Vouziers - Neufchateau - Malmedy - Aachen - Bochum
Etape au Formule1 de Bochum, là ça fait rêver :siffler:

24 mai
Toujours pas motivée pour aller plus loin :? mais toujours pas d'excuse, la moto est toujours là, elle démarre encore, alors en route.
La traversée de l'Allemagne me passionne Les décors n'ont rien à voir avec ceux de la Forêt Noire, c'est plutôt plat et sans grand intérêt.
Le road book, Bochum - Lingen - Cloppenburg - Oldenburg - le bac à Brake - le bac à Wischaffen - Husum - Sodenborg.
Le premier bac, c'était amusant, le deuxième beaucoup moins, la mer agitée doit y être pour beaucoup :siffler:


Je me réjouit à l'approche de la frontière danoise. Je n'ai jamais mis les pieds au Danemark et je n'ai pas d'à priori sur ce pays.
Bon ben à peine la frontière passée, la pluie fait son apparition. Je pensais prendre le ferry pour aller plus loin mais là ça me coupe les pattes.
Je m'arrête donc à Sonderborg, petit stop en ville pour acheter de la monnaie locale, je suis accueillie par une averse de grêle. Ca y est, je l'aime déjà ce pays
Je file au camping le plus proche pour me réserver un petit mobile home pour la nuit. Ca fait cher du mètre carré mais mon téléphone refusant de fonctionner en 3G à l'étranger et n'ayant pas très envie de faire le tour de la ville pour trouver autre chose, je pose mes valises ici.
Le temps que je m'installe la pluie s'arrête

Au moins je vais pouvoir aller en ville manger un morceau et faire un tour au bord de la mer Baltique.
Coucher de soleil sur la ville, finalement c'est pas si mal


25 mai
L'idée de passer en Suède me réjouit, je n'ai jamais mis les pieds en Suède et je n'ai pas d'à priori sur ce pays.
Je fais les quelques km qui me séparent de l'embarcadère, je réserve un biller pour l'autre côté. Le vendeur me demande ma destination, ah bah oui dans ma tête, je le prononce très bien mais en danois je ne sais pas comment on dit Bojden... Bref le billet en poche, je me rends compte que le départ est dans plus d'une heure... :?
Hum... comment dire... C'est long une heure, surtout entrecoupée de passages pluvieux
Si si je l'aime ce pays
Pour être vraiment sûre que le bateau c'est mon truc, je prends un autre ferry entre Spodsberg et Tars. La mer est super bonne, j'adore. Il y a un vent à décorner les bœufs, le temps idéal pour se déplacer en motocyclette... enfin, il ne pleut pas, c'est déjà ça.
Aller un dernier ferry entre Helsinger et Helsingborg et c'en est fini du Danemark et de son vent pas possible, au moins pour quelques temps.
Descente du ferry, découverte de la Suède, cherchage de route. Bon ben ça se passe pas mal. Aller direction le nord. A peine je m'éloigne de la ville que les paysages m'émerveillent, entre forêts et lacs j'en prends plein les yeux, il y a même un bout de montagne ici. Magnifique. Malheureusement pas possible de s'arrêter pour faire une photo, vous allez devoir me croire sur parole et vous contentez des photos suivantes






Le stop du jour est prévu à Jonkoping, histoire de garder mes marquer je vais au Formule1, seul le prix est dépaysant

26 mai
Les choses sérieuses débutent. Mon voyage commence enfin à m'intéresser. Les paysages sont différents de tout ce que je connaissais jusqu'à maintenant.
Aujourd'hui direction le nord, évidemment, pas d'étape de prévue, quand j'en aurais marre je m'arrêterai.
Les décors me ravissent. Je comprends pourquoi il y a autant de meubles en bois chez Ikea...
Ce ne sont que succession de lacs et de forêts, de plus le temps est au grand beau, le moral est donc au top.


Fin d'après midi, je me dis qu'il est temps de trouver mon chez moi du jour. Je tente plusieurs camping, aucune réponse, tout semble désert. Au bout de plusieurs tentatives infructueuses, je me dis que la saison de camping n'a pas encore commencé. Eh bien pas grave, on va se la jouer plus classe, direction les hôtels. Hum, j'ai l'impression que ce n'est pas mon jour... Direction le bled suivant et ainsi de suite jusqu'à Hudiksvall. Le premier hôtel trouvé est un peu cher pour moi, je file au suivant sans trop d'espoir et en comprenant que ça aussi ça va être une bonne part du budget.
La chambre est très bien tout confort, rien à redire.

Alors que je retourne auprès de ma moto pour un petit entretien du soir, entendez par là, jeter un peu de gras sur la chaîne, je vois deux jeunes baver devant. S'en suit une petite discussion sympa avec les deux gars qui sont tout épatés par cette jolie moto à la cylindrée incroyable.
Petit tour en ville, histoire de se dérouiller les chevilles et de découvrir aussi les lieux.
La ville semble déjà dormir.





Comme ça fait deux soirs que c'est un peu la misère pour trouver où dormir, et grâce au wifi de l'hôtel, je me résous à réserver des hôtels pour les jours suivants. Ca va complètement à l'encontre de ce que je voulais faire, mais ce sera plus simple et plus rassurant surtout dans les jours à venir où les villes seront de plus en plus éloignées les une des autres. Mes quatre prochaines nuits sont donc assurées.

27 mai
Direction donc Lulea.
La journée est triste, il pleut toute la journée, enfin toute la journée, cinq minutes de pluie, cinq minutes sans pluie et ainsi de suite jusqu'au soir. L'avantage, c'est que ça ne mouille pas en profondeur.
Du coup, pas grand chose à raconter, le ciel est plombé, les paysages sont un peu tristounets et puis ces forêts et ces lacs m'émerveillent déjà moins



Optimiste de nature, j'ai toujours l'impression que le ciel se dégage et que ça va se mettre au beau, évidemment il n'y a que dans ma tête que ça se passe ainsi
J'arrive enfin à Lulea, je m'installe dans ma chambre, grand luxe. J'étale mes affaires un peu partout afin de tout faire sécher.
Comme d'habitude, une fois installée, il s'arrête de pleuvoir, je pars donc en visite de la ville et en quête d'un bon repas.




Aller une bonne nuit de sommeil et demain direction la Finlande

28 mai
Encore de la pluie toute le journée, mais là contrairement à la veille, c'est de la grosse pluie qui mouille et ça ne s'arrête pas toutes les cinq minutes. J'ai rapidement trouvé les limites de ma combi pluie, hum comme c'est agréable de rouler avec les épaules mouillées :-/

Je crois que c'est à ce moment là que j'ai compris que j'étais super bien préparée pour ce genre d'expédition...
Le passage de la frontière finlandaise n'arrêtera bien sûr pas la pluie. J'arrive près de Rovaniemi, mais je n'ai aucune envie d'aller faire la bise au vieux barbu, je claque à moitié des dents c'est un coup à le mordre. Petit arrêt au cercle polaire quand même histoire de... Mouais bof, trop touristique le truc, je reprends ma route rapidement et déjà il y a beaucoup moins de monde, à croire que les gens ne vont pas plus au nord.


Les décors commencent à changer, je dirais bien que ça commence à être désertique mais sans la notion de chaleur.
Au milieu de nulle part, une boutiques de souvenirs ou de je-ne-sais-quoi improbable.




Je croise également mes premiers rennes, ça surprend un peu au début, ils se baladent tranquillement sur la route, je pense que je suis plus effrayée qu'eux.
Il est temps d'arriver, je commence à en avoir plein les bottes.
L'étape du jour se fait à Saariselka. Étonnement ça fait du bien de revoir des prix en euros, ça refixe les repères.Ma chambre est encore au top, le carrelage chauffant et le sèche serviette de la salle de bain sont pris d'assaut pour faire sécher tout ce qui a souffert aujourd'hui. Je vous laisse imaginer la joie de découvrir un carrelage chauffant quand vous avez les pieds tellement gelés que vous imaginez qu'ils sont trempés....



Petit tour en ville, c'est un peu glauque. J'apprendrai plus tard qu'en basse saison il y a 300 habitants, j'ai du en voir 4...




Le restau à côté de l'hôtel est tout simplement divin, pour un tarif assez raisonnable.
En me couchant, je prends conscience que ça fait un petit moment que je n'ai pas vu la nuit. Depuis mon arrivée au Danemark, j'ai remarqué qu'aucune maison n'est équipée de volet, quant aux rideaux ils sont à peine plus opaque qu'un rideau de douche bon marché. L'exception confirmant la règle, ma chambre est équipé d'un super rideau bien opaque et d'un non moins superbe tableau lumineux impossible à éteindre. Ca y est, j'ai compris le nordiste a peur dans l'obscurité...

29 mai

J'ai réservé une chambre pour les deux nuits suivantes à Alta. Si je trace au plus direct, je n'ai "que" 400 km. Du coup en fonction de la météo, j'ai le choix des itinéraires et des détours.
Le temps est franchement couvert en partant, on verra bien ce que ça donne en route.



Ah je ne vous ai pas encore parlé de mes soucis d'approvisionnement en essence. En Finlande, toutes les stations que j'ai croisées étaient des stations automatiques. Évidemment ma carte bleue n'a jamais voulu fonctionner, mais par chance on peut aussi y glisser des billets. Si j'en parle c'est que ça n'a pas été si simple bien sûr. En effet pour une raison incompréhensible, la machine ne voulait pas de mes billets. Après plusieurs tentatives et changement de station, le problème demeure. Franchement dépitée et bien agacée, je demande de l'aide à une dame qui a fait son plein sans soucis. J'ai du tomber sur la seule personne qui ne parlait pas anglais, mais on a fini par se comprendre. Avec elle, évidemment ça a fonctionné quasi du premier coup, je ne dois pas avoir le fluide. Dis madame tu veux pas me suivre jusqu'en Norvège? Non? bon tant pis. Au final je n'ai galéré qu'une fois sur deux et la dernière fois je n'ai même pas pu finir mon billet, un vrai chameau cette mob




La météo n'étant pas trop mauvaise je m'offre un détour par le nord de la Finlande avant de passer en Norvège. Une fois la frontière passée, le soleil fait son apparition, les décors sont superbes.
Des rennes, des montagnes, des lacs, des rivières, des routes défoncées, le pied.






Le renne se baignant dans une mare d'eau glacée alors que je suis un peu gelée restera une image forte de ce périple




Je profite au maximum des paysages, il est encore tôt, j'ai le temps. J'ai quelques scrupules à arriver à l'hôtel avant 17h alors je traine en route.









17h, ayant fini tous mes détours, je me pointe à l'hôtel, pas du tout surpris que j'arrive si tôt. La petite dame de l'accueil qui semble parler un anglais encore moins bon que le mien m'explique le fonctionnement de l'hôtel et me dit que le restaurant ferme à 18h30. Je me dis que j'ai mal compris et que ça doit être à partir de 18h30. Pour accéder à ma chambre, mes affaires plein d'éclaboussures et moi devons traverser le restaurant, et là il est 17h et les gens dînent... 8O
La chambre est encore au top, avec vue sur l'océan.




Je file en ville retirer un peu de cash. Ca semble bien plus animé que ma précédente étape, entendre par là qu'il y a quelques voitures qui roulent et quelques gens dehors

Ayant réussi à capter légèrement le wifi de l'hôtel j'en profite pour me réserver mes prochains points de chute. Malheureusement le réseau est super mauvais et j'arrive seulement à le capter dans un coin du couloir, du coup ça me prend toute la soirée, si bien qu'à minuit je suis toujours debout, et je peux ainsi admirer le soleil de minuit. Petit tour dehors pour prendre la température, eh bien déjà que ça chauffe pas fort à midi, c'est encore pire à minuit.



Aller il est temps d'aller se coucher, demain on va au bout du monde.

30 mai

Météo humide pour ce matin. Avant d'affronter ça je vais m'empiffrer au petit dèj. Pffffiu c'était la première fois que je mangeais du saumon fumé à cette heure ci. 8O Et puis quel saumon, rien à voir avec celui qu'on trouve dans nos supermarchés. Je me gave de tous ces bons petits plats, quel délice.
Aller il est temps de se mettre en route, 250 km me séparent quand même du but de cette "balade"
J'ai à peine parcouru quelques km, que je dois m'arrêter à cause de travaux, il faut attendre la voiture ouvreuse, appelée ici "ledebile" ça ne s'invente pas. Une heure après je ne suis pas tellement plus loin, ça promet, j'espère qu'au retour ça passera mieux.
Une fois la zone de travaux passée, j'arrive dans une espèce de No man's land complètement enneigé où la température doit rarement atteindre plus d'une poignée de degrés. Encore une fois, je me demande pourquoi je n'ai pas emmené mes super gants étanches et bien chaud. Sûrement parce que c'est ma première sortie en moto, je n'ai pas l'habitude...
Et si j'égorgeais un renne pour lui piquer sa peau et me faire des gants










Après le no man's land, c'est que du bonheur, 100 ou 150 km de montagnes entourées de flotte. Quel spectacle en sortie de courbe quand la montagne et la mer surgissent de nulle part. Je me suis franchement bien éclatée sur cette portion, la route était sèche et la moto légère. Du bonheur. Seul bémol les tunnels où il doit faire encore moins chaud que dans le no man's land précédemment cité. Quand j'y vois des cyclistes, ça me rassure presque, il y a plus taré que moi.






En montant, j'ai repéré les stations service, on peut compter sur une tous les 100 à 150 km...
A mesure que je m'approche du sommet, une grande joie m'envahie avec le sentiment d'avoir accompli un truc, un truc débile certes mais mon truc à moi. En garant la moto sur le parking, je lève les bras en signe de triomphe, je suis allée au bout de ma folie, j'y suis






Rhâââ bon sang le panorama vaut quand même le détour. C'est difficile à expliquer, mais malgré les quelques autres touristes, je me sens seule au bout de ce monde, les yeux perdus dans la ligne d'horizon...

La suite plus tard

Super sympa ce compte-rendu de tes vacances!

Franchement, tu as le moral de faire toute la route seule, tu devais un peu t'ennuyer par moment non? J'ai bien aimé la photo des 3 rennes "empruntant" la route

Tu n'avais pas choisi l'option "gens" pour ton voyage? Les bourgades font vraiment ville fantôme!

La suite!!!

(Si j'ai bien compris, c'est un périple au Cap Nord?)

GENIAL ton reportage !!

visite de l'île
Bon ce n'est pas le Louvre mais il y a de quoi s'occuper quelques instants quand même.








Un petit tour à la boutique souvenir, comme je n'ai pas vraiment de place c'est plus par curiosité qu'autre chose.
Ce n'est pas que je m'ennuie mais j'ai encore 250 km à faire avant de rentrer.
Je savoure ma chance de réaliser ce parcours là accompagnée du soleil. La montagne sous la pluie, niveau beauté des paysages et plaisir de conduite ça perd pas mal.
La route est vraiment sympa, le bitume est en bon état compte tenu de la rudesse du climat. Les seuls pièges à éviter ce sont les rennes. Au départ je ralentissais presque à m'arrêter mais j'ai compris au fur et à mesure que ça les stresse et ils partent dans tous les sens. Finalement en passant à vitesse raisonnable à côté d'eux c'est tout juste s'ils relèvent la tête et continuent à brouter.




Je profite vraiment de la route, du beau temps, des beaux virolos, c'est le pied. Je ne me lasserai jamais de ce genre de décor. Sortir d'un virage, bon n'abusons pas je ne vais pas dire genou par terre, mais avec quelques degrés d'angle quand même et voir une montagne surgir c'est déjà un régal pour les yeux mais quand en plus vous avez la mer au pied de la montagne c'est vraiment grandiose.







Un petit plein d'essence et à moi les tunnels réfrigérés. Je n'arrête pas de repenser à ce que m'a dit le marseillais, à savoir que malgré la selle chauffante, les poignées chauffantes et tout ce qu'il faut pour avoir bien chaud, il a bien galéré en passant le cercle polaire. Comment être confiante avec mon équipement mi saison?...
En attendant, j'ai mon no man's land à retraverser. Et dire que j'avais déjà failli passer par là la veille...
Eh bien ce n'est pas parce qu'on est prévenu que ça passe mieux. Brrrr
L'erreur à na pas faire, ouvrir la visière pour se gratter le bout du nez, c'est un coup à mourir d'hypothermie :cold:



Je commence à saliver à l'idée du bon restau que je vais faire en rentrant, enfin pour ça il faut que je sois rentrée avant 18h30, pour l'instant je suis largement dans les temps ça va.
Oh et puis il y a cette affreuse zone travaux à traverser aussi, j'espère qu'ils ont fini de travailler pour aujourd'hui et que ça passe tout seul.
Je me demande s'il ne fait pas encore plus froid qu'à l'aller et surtout si ce n'est pas encore plus long. La route me semble interminable. Fin du no man's land, le ciel est vraiment noir, pas grave il reste une vingtaine de km à parcourir, ça ira. Ouais ça ira, c'est ça. Les travaux ne sont pas finis, j'attends pendant presque une demie heure "ledebile" sous une pluie battante et gelée. Mon fabuleux diner s'envole au loin. Cette dernière heure me gâche complètement la journée. Je suis bien dépitée. Ici quand ils font des travaux ils arrachent toute la route, chez nous en général, on fait une voie après l'autre, là c'est tout d'un coup, c'est donc sous la pluie et sur le gravier que je dois finir ma journée. :?
En fait de fabuleux diner, ce sera un sandwich à la station service du coin. Le casse croute était bon mais il semble en avoir déjà mangé un pareil ailleurs, pas très typique
Ce soir il y a SBK à Salt Lake City, youpi il y a eurosport dans la télé. Bon ben ça rattrape bien ces quelques gouttes de pluie. Difficile de juger la qualité des commentaires norvégiens mais c'était sympa quand même.
1h30 du matin, fin de la course, double victoire de Checa et il fait encore grand jour dehors.
J'ai du mal à me motiver à aller au dodo par ce qui semble être le milieu de journée, mais il faut se faire violence il y a encore de la route à faire demain.

31 mai

Grand ciel bleu, je suis optimiste, aujourd'hui je ne sors pas la combi pluie.
Les décors sont magnifiques, j'ai fini par me lasser des lacs et des forêts mais la mer et la montagne, je suis fan et j'en redemande toujours plus.









c'est même habité ici


Malgré tout, je ne traîne pas trop en route, ce "soir" je dois arriver avant 18h pour récupérer les clefs de mon palace et l'adresse du logement n'étant pas très précise, voir pas du tout ça ressemble à un nom de lieu dit, je préfère avoir le temps de chercher.
Je quitte la côte et la route principale pour m'engouffrer dans un autre no man's land enneigé. Gasp et dire que j'ai prévu de passer deux nuits ici et donc de faire cette route deux fois dans chaque sens. J'ai l'impression que ma chance à choisir des chouettes logements a un peu tourné.
Il fait un froid polaire, d'un autre côté je n'ai toujours pas repassé le cercle polaire c'est p'tet normal...
Comme prévu, je galère ‡ trouver l'hôtel, je me retrouve dans un c*l de sac enneigé un peu désespérée et bien agacée, peuvent pas mettre des adresses plus explicites!!!!
Finalement je demande mon chemin et on m'explique, c'est pas là c'est deux trois km plus loin. Merci les gars.
Voilà ça y est j'ai communiqué avec des gens :-)
Malgré qu'il n'y ait qu'un seul bâtiment et qu'une seule porte, je trouve le moyen d'hésiter...
Par acquis de conscience je demande si c'est bien ici, j'ai à peine prononcé deux phrases que le gars me parle en français, il faut vraiment que je fasse un truc avec mon accent anglais...
Je dispose d'un petit appartement avec cuisine, ça tombe bien il y a une supérette en bas, à moi la joie d'acheter des aliments inconnus, que je ne saurais jamais ce que c'était. Ca me rappelle ma première escapade en République Tchèque
La soirée est bien longue, la supérette fermée, le coin est désert, je pense que je suis la seule dans le bâtiment. Glups.


Au moins je me repose.

1 juin

Aujourd'hui, je dois visiter les îles Lofoten, il paraît que c'est magnifique.
J'hésite à mettre la combi pluie jusqu'à ce que la pluie débute au moment où j'enfile mon casque. De toute façon j'aurais moins froid dans mon désert arctique comme ça...








Le temps est très changeant, je croise les doigts pour avoir du soleil dans les îles.
Le début de journée est magnifique








Bon ben je n'ai pas du croiser assez fort, plus je me rapproche plus il pleut fort.
La combi est transpercée, j'ai les épaules humides.
Il y a encore des travaux, il faut attendre "ledebile" pour traverser le tunnel. Je commence à perdre patience et à envisager d'écourter la journée.
On traverse finalement le tunnel, il fait encore plus moche de l'autre côté, je m'obstine.
A chaque sommet passé le temps se dégrade un peu plus. Un nouveau tunnel, des travaux il faut attendre, je suis trempée, c'en est trop je renonce, je fais demi tour, j'attrape un ferry, c'est le déluge, le ciel est noir et l'horizon bouché. Ca ne sert à rien de s'obstiner je ne profiterai pas des paysages.






A l'abri dans mon ferry j'étale combi et blouson pour les faire sécher un peu. Je me demande encore ce que je fais là, ça vire galère ce truc. A la descente du bateau, il ne pleut plus et le ciel semble se dégager, le sourire revient.






Le temps redevient franchement beau, tant pis je profiterai des îles Vesteralen c'est bien aussi.




Je souhaite bon courage aux motards que je croise en direction des Lofoten, moi je suis guéri pour cette fois. Je savais que le temps pouvait être très variable d'un km à l'autre, mais à ce point là c'est vraiment impressionnant. La joie des bords de mer sans doute. Le temps restera au beau toute la fin de journée.








J'avais oublié que nous sommes au pays des trolls




Petite visite de mon domaine







la moto du coin

2 juin

Dernière journée en Norvège et passage du cercle polaire
Départ sous le soleil mais malheureusement ça ne dure pas. Je longe la côté une dernière fois, c'est toujours aussi beau. Je ne fais pas trop de pauses photo parce que je suis un peu juste en essence et je doute trouver une station avant la grosse ville suivante qui est encore bien loin. L'autonomie de mes motos et moi c'est une grande histoire
Ce n'est pas sans serrer les fesses que je rallie Fauske encore pas loin de 400 km au compteur...








Fini les bords de mer montagneux, je file maintenant vers la Suède et ses forêts.
La pluie s'intensifie, j'ai l'impression qu'en plus elle est bien gelée. Le passage du cercle polaire n'est, encore une fois, pas une partie de plaisir, je me remonte le moral en me disant que c'est la dernière journée de galère, les températures devraient remonter à partir de maintenant.
Avec toute cette eau et ce froid la journée est peu passionnante, j'ai hâte d'arriver. Ca tombe bien, il pleut moins, maintenant
Niveau trou paumé, je suis presque aussi bien tombée que la veille. Je suis à Tarnaby, au bord d'un lac, hormis une station service et un hôtel, il n'y a pas grand chose, du moins dans le coin où je suis arrêtée. J'imagine que pour être mentionnée sur la carte, cette ville comporte plus de deux habitants





La chambre est petite et sans rien pour faire sécher mes gants détrempés. Ca va être sympa demain matin...

3 juin

Quel bonheur de partir avec des gants mouillés...
Je ne peux même pas faire le plein avant de partir la station service est une station automatique. Je suis confiante il me reste 100 bornes d'autonomie ça devrait le faire.
Il pleut
Note pour moi même, ce n'est pas une bonne idée de prendre les petites routes blanches sur la carte, elles ne sont pas goudronnées... :siffler:
Bon ben encore une fois ce n'est pas le moment de s'en mettre une ou de tomber en panne. Les rares personnes que je croise ont l'air très surpris de me voir ici.
Finalement plein de bonnes nouvelles, mon voyant de réserve fonctionne enfin, je peux faire au moins 30 km sur la réserve, mon réservoir fait 24 litres et il ne pleut plus
Petit à petit le ciel se dégage et les températures commencent à monter. A ce rythme là je vais finir par avoir chaud




En Suède, quasiment toutes les aires de stationnement sont équipées de toilettes très bien équipées, avec notamment un puissant sèche main électrique vraiment idéal pour sécher les gants.







Je suis partie ce matin il faisait 10°C, cet après midi il fait 27°C...
qui à dit contraste?
J'ai seulement parcouru 400 km...
Aujourd'hui pas de rennes ou d'élans, juste un renard.

J'arrive à Ostersund en milieu d'après midi, je loge dans une pension. J'ai trouvé facilement l'entrée mais impossible de passer la porte. Je sonne tant que je peux, aucune réponse. Je suis pourtant dans les heures d'ouverture. Bon ben plus qu'une solution, le téléphone, je sens que ça va être sympa... ô miracle, je suis sauvée, j'ai reçu un sms de la pension me donnant le code de la porte et m'indiquant le numéro de ma chambre. Un peu étrange comme procédé mais pourquoi pas. Je m'installe donc dans ma chambre sans avoir vu personne. Un petit mot sur la table m'explique qu'il y a une machine à café en libre service dans le salon, l'heure du p'tit déj et le code pour internet. Bon ben finalement j'ai tout ce qu'il me faut.
Il est encore tôt, je pars donc à la découverte de cette ville. Les rues sont très animées, ça me change de voir des gens
A 17h les gens sont en terrasse des restau, en train de diner...
Une heure plus tard les terrasses sont vides et rangées, il n'y a presque plus personne dans les rues. Je crois que je ne m'y ferai pas.
Petit casse croute et je pars vers l'autre côté de la ville, le lac. Il y a l'air d'y avoir une grosse soirée, on est vendredi soir, avec musique et cie.
Je longe un peu le lac, la vue est sympa

4 juin

Ostersund - Karlstad
Il fait toujours grand beau. Peu à peu je reviens à la civilisation. Lacs et forêts s'enchaînent, sous le soleil







5 juin

Karlstad - Uddevala

Toujours du soleil, des lacs et des forêts... et des vaches



Je fais un détour par Fjallbacka, c'est l'occasion de mettre des images sur les romans de Camillia Lackberg.
C'est une jolie ville de bord de mer, bien agréable.












A Uddevala, je me retrouve encore dans un trou perdu loin du centre ville. Il est encore tôt et je m'ennuie à mourir dans ma petite chambre, je reprends la moto et je file en ville. Petit tour sur le port, petit tour en ville à la recherche d'un restau. Malheureusement on est dimanche tout est fermé. Quelle tristesse!
Tout est fermé sauf un immense supermarché, eh bien tant pis pour le bon repas mais quelques provisions sont les bienvenues.
Uddevala ne m'a pas vraiment emballée, je ne suis certainement pas allée où il fallait, tant pis.

6 juin

Ce matin, départ de bonne heure, je dois attraper le ferry à Goteborg à 9h, il y a au moins une heure de route.
Je suis dans les temps pour l'embarquement, ouf le suivant est au milieu de l'après midi...
Les trois heures et quelques de traversée sont un cauchemar pour moi, j'avais oublié à quel point je n'aime pas être sur un bateau...
J'alterne entre le restaurant et le pont, je tourne en rond, j'ai hâte de retrouver la terre ferme.
La traversée me semble d'autant plus longue que je pensais qu'elle durait 2h et non pas trois. Ben oui quoi, 9h - 12H15, ça doit faire dans les 2h de traversée. Non? ah bon






qui peut habiter là? 8O




J'ai prévu de traverser le Danemark du nord au sud et non pas d'ouest en est comme à l'aller, comme ça j'aurai eu un aperçu de tout le pays. J'ai trouvé ça assez plat finalement, enfin à vrai dire je n'en ai pas vu grand chose, je ne peux pas me permettre d'avoir un avis sur ce pays.
La seule chose que je peux dire, c'est que les danois sont moins courtois que les suédois au volant, mais c'est une autre histoire...
J'arrive en Allemagne... sous la pluie.
ça sent la fin du voyage, tout est triste.



7 juin

Aujourd'hui, j'ai prévu de traverser l'Allemagne du nord au sud et de m'arrêter une fois la frontière française passée.
Rapidement je m'embrouille. Eh oui pendant 10 jours, il n'y avait qu'une seule route, ma plus grosse difficulté c'était de la prendre dans le bon sens Maintenant j'ai des routes dans tous les sens, à droite à gauche, évidemment j'ai fini par prendre la mauvaise et encore une autre mauvaise...
Pffff
Ensuite c'est le déluge en Belgique, le jour baisse, je suis trempée, j'en ai marre, je me perds encore, je pars dans le mauvais sens, m'obligeant à repasser plusieurs fois dans la zone où c'est le déluge.
Finalement j'arrive en France il est 22h passées, un peu tard pour taper à la porte des hôtels, il ne me reste plus que les formule1 et autres à réception 24/24
Bon ben quand ça veut pas, ça veut pas, tout est complet.
Le fait d'être revenue en France m'a requinquée, je décide de continuer ma route, on verra plus loin si j'ai plus de chance.
Chalons en Champagne, même topo, tout est complet.
Je fais le plein, un type en voiture à côté m'interpelle, évidemment que je parle anglais sa carte ne veut pas fonctionner (je rigole intérieurement) oui oui je vois le problème. Je lui conseille d'aller sur l'autoroute pour trouver une station ouverte à cette heure ci.
Toujours en forme, je décide de rentrer à la maison, il doit rester 300 bornes, en m'arrêtant de temps en temps ça devrait le faire.
Je ne peux pas dire combien de fois je me suis trompée de route, mais ce dont je suis sûre c'est qu'il y a des coins que je n'avais jamais vu et des coins qui sont bien paumés et mal indiqués...
Bref avec tous ces errements, la moto est dans le garage sur les coups de 5h du matin.
P.... je l'ai fait!!!!

Les sentiments se mêlent dans mon esprit, mais c'est avec le sourire que ma tête se pose sur l'oreiller.

Comme je sais que vous allez poser la question, je vous devance, 9434 km parcourus, 30 pleins d'essence et des images plein la tête

Merci d'avoir pris le temps de lire et/ou commenter

Un formidable reportage que j'ai lu avec plaisir en regardant les images, merci pour le temps consacré à partager ce périple assez fou et visiblement très très pluvieux.

Le côté solitaire est très intéressant aussi, donnant un aspect "voyage de l'impossible" assez "émouvant".

Je suis épaté. Quand je regarde ça, je me dis que j'ai bien fait de lancer ce forum, qui permet de tels échanges et d'offir aux autres, ceux qui "restent" un ressenti aussi détaillé.

Je ne sais pas comment tu fais pour tout retenir aussi bien, d'ailleurs. Tu prends des notes au fur et à mesure ?

Merci à toi...

Bravo et merci pour cet excellent reportage.

J'admire ta persévérance. Ces grands espaces pratiquement désertiques y compris dans les villes! La pluie pratiquement un jour sur deux si je comprends bien,
au point que j'avais presque froid en te lisant!!

Le prochain voyage vers le sud peut-être, avec du monde, de la chaleur et la mer chaude?!

Encore merci.

Merci à vous

Pour commencer, je suis une grande solitaire. J'ai beaucoup aimé me retrouver seule au milieu des rennes
J'ai adoré écouter le silence total, c'est vraiment impressionnant

Après il y a eu aussi des moments de doute et de "galère". Par chance j'avais choisi l'option confort, du coup tous les soirs, je pouvais prendre une douche chaude, mettre des vêtements secs, ça aide vraiment à garder le moral. Une heure après m'être posée, en général j'avais complètement oublié qu'il y avait eu des moments durs dans la journée.

Tous les jours je prenais des petites notes, villes de départ, d'arrivée, kilométrage, météo et faits marquants.

Un vrai plaisir de lecture, malgré la page qui met du temps à charger, une fois arrivé à terme, passionnant périple qui me laisse admiratif, pour des moments de galère mais aussi de plaisir et de plénitude... C'est vraiment écrit de façon à ce qu'on te suive et franchement, c'est réussi...

Je n'ai malheureusement pas (plus) grand chose à raconter, mais je suis comblé de voir que d'autres remplacent avantageusement mes non-récits par les leurs...

J'ai des copains qui ont fait un tour aux USA en Harley, j'aimerais bien qu'ils postent...

Merci pour ce magnifique reportage.
j'ai toujours rêvé de faire cette "balade" mais plutôt vers juillet ...un jour peut être ?
Chapeau tout de même faire le cap nord fin mai et seule je ne puis qu'être admiratif.
Dommage pour les Lofoten il parait que c'est vraiment magnifique (dixit un copain monté au cap nord en vélo ! ! ! à partir de Goteborg le fainéant )