Un enfant à Valencia.
Dernier Grand Prix de la saison, dénouement du championnat 250 incertain, dernière course des 250cc, les raisons pour « descendre » à Valencia étaient nombreuses et justifiées!
Une fois ce constat établi, encore fallait-il trouver les Pass adéquats, véritables sésames pour échapper aux refus polis des cerbères vêtus de noir de la DORNA.
Et là, il n’y a pas cinquante solutions ; soit vous êtes participant, ce qui, contrairement aux derniers GP de France, n’était pas le cas, soit vous réussissez à vous procurer un Pass Paddock par un Team engagé.
Une fois un accord trouvé, nous ("Karim H" et moi) savions toutefois que nous n’aurions accès qu’à une partie limitée du circuit, tellement les dizaines de zones sont sectionnées, sous-sectionnées et immanquablement gardées…
Très inconfortable quand on a ses habitudes au CEV!
Arrivés mercredi soir, nous dînons à la célèbre Careta, sur la route d’accès au circuit (Paella, bien sûr, nous sommes à Valencia !).
Nous profitons de la journée du jeudi pour faire du tourisme avant d’aller récupérer nos magiques cartes de plastique; l’occasion de découvrir, sous un soleil bien agréable pour quelqu’un venu de Paris, le «nouveau » quartier futuriste construit à l’occasion des Jeux Olympiques qui accueillait pour l’occasion le tournoi de tennis de l’ATP et exposait la baroque Coupe Davis.
Débauche de lignes lancées dans le ciel et d’arcs redondants, mon bâtiment préféré fut sans conteste celui des arts, qui n’est pas sans rappeler le design agressif de certaines SEAT (si, si, c’est un compliment).
Arrivés sur le circuit, nous somme accueillis par Ricardo Tormo et quelqu'uns de ses illustres collègues...
Nous traînons un peu dans le paddock avant d’aller dîner à l’hospitalitie LCR, le team de Randy de Puniet.
« Traîner » dans le paddock, avec Karim, c’est une succession infinie de marches et de stops pour discuter avec untel ou untel.
Moi, quasiment immanquablement, une fois l’échange terminée, je lui demande : « c’était qui ? » et essaie de mémoriser les innombrables intervenants de ce microcosme qu’est le paddock d’un Grand Prix.
Bien sûr, plus rarement, je reconnais une « star » et m’empresse d’appuyer sur le bouton de mon appareil photographique avant de me lasser assez vite de l’exercice, tellement cela devient fréquent…
Valentino ou Lorenzo, bien sûr, à l'encontre de Stoner, très discret, mais aussi quelques anciens qui « portent encore beau ».
Concernant les hospitalities, vous avez plusieurs approches :
Approche minimaliste, comme chez Hayate ou Suzuki, avec une semi-remorque qui déploie sa terrasse et son auvent…
Approche un peu plus ambitieuse, comme chez LCR ou Tech3, avec deux remorques réunies par un auvent…
Approche plus dispendieuse, comme chez Yamaha, avec trois ou quatre remorques réunies mais séparées à la fois…
Enfin, l’approche complètement époustouflante de Ducati, où l’on n’arrive même plus à savoir comment est construit ce bâtiment dont le design let la complexité laissent admiratif !
Une fois le dîner aux côtés de Randy de Puniet et d’Yves Demaria terminé, la journée n’est pas finie pour autant : les marches à travers le paddock reprennent, entrecoupées de discussions avec Pierre, Paul ou Jacques … ou plutôt, en l’occurrence avec Marcel, Alexis ou Mickael Van der Mark, pour ne parler que des pilotes de 125 !
Vous l’avez compris ; bonnes chaussure obligatoires !
Après une lourde nuit, un problème se pose le lendemain: les fameux Pass Premium Paddock ne donnent accès à rien d’autre : même pas à une des innombrables tribunes qui ceinturent le circuit !
Karim étant mobilisé tout le week-end par Eurosport, pas question pour autant de rater les motos en piste et, après avoir squatté pendant deux heures la table de la cafétéria accolée aux baies vitrées donnant sur la piste, nous organisons avec un certain JAJ, une sorte de « carambouille » destinée à tromper l’un des gardiens de Pandore…
Un tour de scooter, un camion qui sort de l’enceinte gardée, un passage à contre-sens et me voilà au milieu de la piste, pouvant enfin contempler les œuvres de nos héros !
Inutile de dire que je ne suis pas sorti avant que les hurlements des moteurs ne cessent de résonner dans l’amphithéâtre du circuit…
Je déplore toutefois qu’à cause de cela, mon entretien avec Eric Offenstadt ait été réduit à peau de chagrin…
Qu’à cela ne tienne, je retournerai manger des huîtres à Bouzigue au printemps!
Sambera n'est pas oublié; même s'il n'est plus question qu'il remonte sur une moto so mécanicien, Tony, espère qu'il pourra remarcher un jour.
Quentin est loin de ses temps habituels, ici même, et ne se sent pas en forme, toujours à cause de sa clavicule cassée.
Une chute, et le véto afférant donné par les docteurs, lui retireront tout doute quand à sa participation à la course ; ce sera non !
Déception, bien sûr, mais déjà la volonté d’être présent l’année prochaine, et sur toutes les courses, sous le regard compréhensif de son nouveau père...
D’ailleurs, Quentin remplit déjà ses obligations en signant les carnets de photos des «aficionados » très organisés !
En piste, ça turbine et les "grosses cotes" vont aussi chercher la limite!
Juste des petites "glissounettes", comme dirait Clément Dunikowski, et ça repart...
... sous les yeux de spectateurs avertis!
Zarco a un peu de mal, aujourd'hui...
... et l'exploit est plutôt à mettre au compte de "Marcel" et de sa "Magic Honda" ex-Pedrosa, troquant pour l'occasion son numéro 77 contre le 78!
Les MotoGP rentrent en piste et nous font leur festival...
Eviidemment, tous les yeux sont braqués sur "le petit nouveau" de la catégorie, Ben Spies!
Comme dans les autres catégories, les ténors eux-même attendent pour "prendre une roue"...
... et, à force de chercher les vibreurs...
... trouvent les graviers!
En 250, le ciel se couvre et les Frenchies ont des problèmes avec la piste froide mais on espère néanmoins de belles choses pour la course!
Devant, c'est chaud!
Je ne me lasse pas de regarder ces promises au même sort que les taureaux d'ne corrida et essaie d'imprimer à tou jamais ces images dans ma mémoire...
La séance finie, il est temps d'aller voir les Moto2 exposées!
Certaines sont rigoureusement espionnées, au grand dam de leur propriétaire (ici Sito Pons, qui est sorti très en colère contre les photographes trop curieux)...
Alors que d'autres nous souhaitent la bienvenue!
Le soir, après les incontournables tours de paddock, dîner chez Matéoni Racing, le Team de Jules Cluzel et Quentin Jacquet, où je fais la connaissance de la sympathique famille de Bastien Chesaux ; bonne nouvelle, les Suisses ont aussi de l’humour, enfin, les vrais (ceux qui parlent le Français)!
Dans la nuit, quelques ombres errent encore ici et là, et l’on échange des mots sans se lasser avec des vrais passionnés, tels Jacky Hutteau sur les 125 ou les Moto2, ou Julien, mécanicien chez Tech3, qui nous invite à visiter le stand le lendemain.
Samedi, les contrôles se renforcent et je constate que les gardes n’hésitent plus à poursuivre en scooter ceux qui passent « un peu vite » le bipage » électronique obligatoire à chaque changement de zone…
Je retrouve ma table préférée à la cafétéria, qui est devenue entre temps le point de rendez-vous de pas mal de Français, avant de dénicher une tribune où l’on accepte enfin les Pass Premium Paddock mais seulement s’ils sont siglés « MotoGP » : quand je vous dis que c’est l’enfer !
S’ensuit une alternance de prises de photos et de retours salvateurs devant un café chaud, tellement le soleil n’arrive pas à compenser les bourrasques du fort vent glacial qui m’empêche de rester plus de trente minutes en haut de la tribune…
Tous les Français sont un peu « dans les choux » à l’issue des qualifications mais l’on espère des coups d’éclats pour le lendemain.
En attendant, je surveille ma montre car il est temps de se rendre chez Tech3 pour la visite promise (pas avant, car ils changent le moteur pour la course).
A peine arrivé, Karim tombe sur Olivier Jacque et disparaît avec lui.
Julien décide alors de commencer la visite sans plus attendre et je l’en remercie vivement, tout en pénétrant dans le box sombre et silencieux : «Evidemment, on ne peut pas prendre de photos ?
- Mais si, bien sûr ! Attend, je cache le moteur et c’est bon.
Nous sommes toujours contents de montrer ce que nous faisons »
S’ensuit un dialogue entre passionnés, durant lequel je soupèserai une des deux sortes de disques avant en carbone, j’apprendrais qu’il y a 48 capteurs sur la moto, donnant par recoupement une centaine d’informations, qu’un bâton de fourche coûte environ 15 000 euros, qu’il faut une heure et demie, à trois, pour changer un moteur, ce qui vient d’être réalisé, que les carters sont taillés dans la masse et que c’est le moteur est la seule pièce un peu secrète de la moto, etc, etc, etc.
Moi, un peu gêné de lui faire perdre son temps, je ne cesse de dire : «bon, je ne veux pas te déranger ? Je vais peut-être te laisser…
- Mais non, ça me fait plaisir ! Tiens, tu veux monter sur la moto de Toseland ? Et maintenant sur celle d’Edwards ? »
J'ai un peu honte à le dire, mais ça fait plaisir...
Bref, presque une heure passée avec Julien et son extrême gentillesse!
Encore merci à lui et au team Tech3!
La soirée se passe à la désormais célèbre buvette « Chez JAJ » où "le petit apéro" à connu un gros succès chez les Français (à tel point que l’intéressé envisage même sérieusement de s’agrandir l'année prochaine!).
Photomontage...
Dîner chez LCR puis, plus discrètement, fin de soirée dans les « Campers » des pilotes où l’on prendra un dernier verre avec Jules Cluzel (qui connaît Karim depuis, qu’ensemble, ils ont fait 2ème en 125 au Mugello).
Jules a eu des soucis avec son pneu avant mais reste confiant pour le lendemain…
Les Campers, c’est ça: véritables appartements roulants, très confortables mais souvent de mauvais goût puisque venant quasi exclusivement des USA ! Les fans s’agglutinent devant, espérant voir passer une de leurs idoles, à tel point que la Dorna a crée cette année une barrière autour des mobilhomes nécessitant, cela va de soi, un Pass spécial !
Devinez à qui est celui-là ? En tout cas, merci à lui pour la pub!
Dimanche matin, il fait encore nuit quand nous nous levons, ceci afin d’éviter les cent milles spectateurs attendus à l’entrée du circuit.
Peu à peu, les tribunes se remplissent.... et les collines aussi!
Les hélicoptères (guardia civil et ministère de l'intérieur) rentrent dans la danse avec leur caméra-boule...
Toujours seul, je fais ce que je peux pour photographier les différentes courses du bord de ma tribune venteuse, et avec mon petit objectif ridicule...
En 125, le suspens ne fût pas grand, contrairement à l’écart creusé par Simon durant le premier tour…
A noter les deux tours de chauffe des Derbi, pour chauffer davantage leurs pneus sur la piste froide, à l’image des Yamaha lors du dernier GP d’Australie.
La remontée méritante de Smith aurait pu se conclure par un beau geste du « déjà » champion du monde mais il n’en fût rien : on est en Espagne et un espagnol se doit de gagner !
L’Allemand Marcel Schrotter, wild card mais double champion IDM et champion d'Europe en titre, réalise un exploit aux guidons de sa Honda HRC et sera présent en GP l’année prochaine. A suivre de près…
Les deux Bancaja ressemblent à une escadrille de guêpes...
... tandis que les deux BQR Blusens s'accrochent ensemble!
Zarco remonte progressivement...
Il a fait une solide année , apprenant son métier et faisant du mieux possible avec son matériel.
A l’inverse, en 250, l’émotion était bien présente...
Au départ, déjà, puisqu'il s'agit du dernier départ des 250!
Comme à son habitude, Jules est très rapide à se mettre en action et débouche en quatrième position, entre Aoyama et Simoncelli, avant la fin du premier tour !
Evidemment, je suis d’autant plus un fan inconditionnel que je l’ai côtoyé durant tout le week-end !
Hélas, peu à peu, après quelques tours, son pneu arrière se dégrade et il rétrograde avant de chuter. Il repart néanmoins...
... mais abandonne presque immédiatement, comme en témoigne sa moto qui passe sur une remorque devant mes yeux.
Pour abaisser encore d’un cran le moral des Français, Mike chute lui aussi, après avoir fait une très belle coure, et se retrouve à batailler avec Valentin.
Ce dernier ne lâche rien (c’est de bonne guerre), finit par le passer avant de rétrograder dans le dernier tour, juste avant l'arrivée (la vidéo du dépassement montre le monde qu'il y a entre ces deux motos).
Un point de marqué pour Valentin, ça devient presque une habitude et je fonce immortaliser le moment au box du CIP, après avoir assisté aux tours d’honneur de Bautista, mais surtout d’Aoyama dont la joie faisait plaisir à voir ; il faut dire qu’il "a eu chaud" mais c’est tout à son honneur de ne pas avoir voulu "gérer son titre".
Un tour d’honneur, à Valencia, c’est quelque chose : fumigènes, bombes sonores, cris, applaudissements, et les pilotes le rendent bien !
Au CIP, tout le monde est content car Shoya Tomisawa a également réalisé une très belle course et une très belle saison avec sa Honda « compé-client ».
Retour vers ma tribune, juste à temps pour voir passer la Ducati rouge de Stoner sur la remorque, tombée durant le tour de chauffe : le suspens s’évanouit vite.
Pedrosa s’échappe, Rossi passe Lorenzo ralenti par un petit décrochage sur un vibreur puis essaie pendant quelques tours de revenir sur la Honda orange et noire avant de se contenter sagement de la deuxième place.
Le suspens s'évanouit et Randy est à la peine, son pneu arrière rendant l'âme beaucoup trop vite et de façon anormale; je quitte la tribune avant même la fin de la course...
Les moteurs se taisent peu à peu et tout le monde se dirige vers les hospitalities pour les bilans et tractations d'inter-saison...
Le soir, à Valence, Jules reçoit le trophée 2009 de meilleur privé de la défunte catégorie.
Nous fêtons cela dans un petit restaurant en bord de plage mais tout le monde est un peu fatigué : seuls certains feront le déplacement jusqu’à la soirée de l’IRTA, connue pour durer jusqu’à l’aube. Ce sera sans moi !
Le lendemain, un ultime petit passage au circuit (nouveau Pass « Test » exigé, évidemment) pour voir les Moto2 tourner au milieu des MotoGP décolorées : La Moriwaki arbore une nouvelle livrée et s'avère la plus rapide.
Ben Spies enfile un habit plus neutre pour aller récupérer
ma sa moto...
Simoncelli a déjà oublié les 250...
L’avion pour Paris ne nous attendra pas et il faut partir...
Un immense et sincère Merci à ceux qui ont permis cela et à toutes mes rencontres, bien trop nombreuses pour être citées.
Si l’hiver va me paraître très long avant d’entendre à nouveau les moteurs déchirer l’air d’un circuit, ces magnifiques souvenirs de GP persisteront bien longtemps dans ma tête, préférant largement observer ce spectacle avec un regard d’enfant, malgré mes cinquante ans, plutôt que de chercher à découvrir ce qui se cache parfois sous le vernis.