J'ai eu la chance de fréquenter un des plus brillants ingénieurs (en chef) en matière de suspension: Dave Avner (De Carbon), et de partager des après-midi entières en discussions passionnées. C'est probablement ce qui m'a permis de ne pas construire des tonnes d'axiomes erronés et m'a permis de perdre une petite partie des préjugés que trimballe nécessairement toute personne fréquentant un microcosme.
J'ai toujours constaté que le poids faisait sortir de la piste le train roulant surchargé, mais sans comprendre pourquoi car en effet, EN THÉORIE la force centrifuge qui tend à faire sortir de la piste la roue la plus surchargée dispose en contre-partie d'un grip supérieure (Poids/gravité) qui est sensée contre-balancer très exactement la dite force centrifuge.
Çà, c'est la théorie ! Et comme toutes les théories elle s'applique à un véhicule idéal, dans des conditions idéales sans qu'aucun autre paramètre ne sois pris en compte. La charge annulant la force centrifuge est un principe physique exact si un mobile tourne à vitesse constante dans une courbe à rayon constant, sur une piste ABSOLUMENT PLANE. Il n'y aurait alors aucune contre-indication à mettre le moteur derrière la roue arrière pour freiner beaucoup plus tard et motricer comme un dragster.
Et voià ce que disait Dave Avner :" Dans la réalité une piste, même la plus parfaite, est une suite de légères dénivellations. Sur les plats et les bosses la théorie fonctionne, mais dès que la suspension se détend, la pression sur le pneu diminue et la force centrifuge n'est plus compensée par le poids, L'INERTIE FAIT LE RESTE" : Et voilà comment on perd l'avant avec une moto lourde de l'avant.
C'est pourquoi j'ai construit un proto V2 chargé de l'arrière: Je ne voulais pas d'une moto qui perde l'avant ! Quelle erreur !
Nous avons vu dans mon texte précédent "Les moto modernes n'ont jamais été aussi parfaites" que ça à l'air paradoxal de construire des motos qui perdent l'avant. Mais ce n'est paradoxal que tant qu'on ne possède pas tous les éléments.
Une fois encore la théorie pure n'intègre pas tous les paramètres et si les choses étaient aussi simples que le pensent les théoriciens : La moto idéale serait connue de tous, depuis très, très longtemps, puisque tous les ingénieurs des BE moto ont eux aussi appris que les forces gravitationnelles et centrifuge se compensent...
...sur le papier !
Motricité=charge sur l'arrière=survirage est le type même de paradoxe "classique" quand deux fonctions se mélangent, mais ont des courbes d'efficacité qui se croisent : Depuis le point fixe où le poids arrière fait survirer et le gros gaz où la charge empêche de survirer : IL EXISTE TOUTES UNE GAMME DE CAS OÙ L'ON PASSE PROGRESSIVEMENT D'UN PHÉNOMÈNE À L'AUTRE.
Ces subtilités passant complètement au dessus de la tête des concepts manichéens, pour ne pas dire simplistes que l'on peut lire dans les vieux manuels et dans la presse technique. D'AILLEURS ILS N'ABORDENT PRATIQUEMENT JAMAIS LE SUJET.
Étonnant, non ?
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"La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi..." Albert